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Du TCMS en minimes France à la NCAA, la jeune arrière Lou Mataly a bien évolué. Partie après le bac, elle s’était laissée tenter par le rêve américain. Évoluant pendant quatre ans avec l’Université Robert Morris à Pittshburg, la Toulousaine a vécu une incroyable aventure, dont il est désormais l’heure du bilan. Interview.

Voilà déjà quatre ans que tu es partie tenter l’aventure américaine, peux tu revenir sur le contexte de ton départ ? Comment est venue cette opportunité ?

C’est en effet ma 4ème année ici à Pittsburgh, je serai diplômée en mai ! L’idée de venir aux États-Unis est vraiment venue au dernier moment, pendant ma dernière année au lycée quand je me demandais ce que j’allais faire après le bac…

Je doutais de la possibilité, en France, de poursuivre des études tout en continuant à jouer au basket et je connaissais quelques joueuses qui avaient tenté l’aventure américaine, dont Romane Dessacs, une très bonne amie.

J’étais prête à découvrir quelque chose de nouveau et de différent, et les États-Unis semblaient être la destination idéale pour combiner université et basketball.

Romane m’a donc conseillée et m’a aussi prévenue du degré de folie qui planait sur le monde du basket universitaire américain, elle a parlé de moi à ses coaches, j’ai également mis des vidéos en ligne et quelques universités m’ont contacté.

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La salle d’entraînement de RMU (photo L.M)

Quand tu es partie, quelles questions te posais-tu ? Quels objectifs, quelles attentes ?

Je partais vraiment dans l’inconnue donc je me disais que l’important pour la première année c’était de bien s’intégrer dans ce nouveau monde, de progresser en anglais, de rencontrer des gens et d’apprendre le plus possible le style de jeu américain.

Je n’avais pas d’objectif particulier, je voulais gagner une place dans le groupe et me sentir à l’aise dans l’équipe. Je savais que ça allait être très riche comme expérience, je voulais seulement apprendre et découvrir le “rêve américain”, avec ses bons côtés, mais aussi ses limites.

En se familiarisant avec un nouvel environnement les objectifs changent, on essaie de s’adapter au contexte, on tâtonne et on mesure l’ampleur de la tâche à accomplir… Mais les premiers mois ont vraiment été un apprentissage.

Qu’est ce qui t’as le plus surpris en jouant là-bas ? Quelles ont été tes premières impressions ?

Lou s’est rapidement intégrée à l’équipe           (photo RMU)

On m’avait prévenu que les entraînements étaient très longs et que les séances de musculation pouvaient démarrer à 6h du matin, mais on ne veut pas y croire tant qu’on y est pas… Mais si : c’est bien la vérité ! Les entraînements durent vraiment trois ou quatre heures.

Pendant ma première année, nos séances d’entraînement commençaient à 6h30, donc cela veut dire être sur le terrain à 6h15 et à 5h30 dans la salle de kiné pour se faire strapper les chevilles (obligatoire pour tout le monde). Autant dire que les soirées étaient courtes : “Welcome to America, and be ready to go to work”.

Autant dire que ça n’est pas très commun en France ; on peut même imaginer que ce serait mal accepté alors que c’est plutôt normal pour les États-Unis. On s’y fait, promis ! En plus, les années suivantes, j’avais entraînement l’après-midi ou à une heure plus raisonnable le matin.

Dès les premiers entraînements, j’ai adoré la rigueur qui est demandée et la passion qu’ils ont pour le sport. Le niveau d’intensité est très haut et de manière générale le jeu est beaucoup plus physique et rapide que ce que je connaissais.

Pour finir, j’ai l’impression que les coaches américains se concentrent plus sur la force mentale et sur la capacité d’encaisser une charge de travail physique et psychologique très importante, tandis que la culture française est plus centrée sur la qualité technique et tactique du jeu.

Malheureusement là-bas tu t’es blessée gravement alors que tu étais au top de ta saison, comment as tu vécu cette période ? Comment revenir ?

13062730_10209150333773835_1975327292_oOui, je faisais une bonne première année et je commençais vraiment à m’adapter au jeu américain quand j’ai eu une rupture des ligaments croisés. C’était dur au début parce que c’était ma première grosse blessure et je ne savais pas trop comment aborder la situation.

J’ai eu la chance d’avoir beaucoup de gens autour de moi pour m’encourager et me chouchouter. Pendant l’été, j’ai pu rentrer en France et aller au centre de rééducation de Capbreton, ce qui m’a permis d’être vite prête pour reprendre la saison suivante.

Malheureusement je me suis refait la même blessure 1 an et 3 jours après… Cette fois-ci, je savais à quoi m’attendre et tout s’est bien mieux passé. Opération sans problème, je marchais en 3 semaines, courais en 3 mois et 6 mois plus tard j’étais prête pour ma troisième saison.

Depuis, tout va bien et j’ai fini ma dernière année au top. Je n’ai jamais pensé à arrêter, j’avais envie d’être sur le terrain avec les filles, j’avais envie d’aller chercher un titre. Il fallait finir ces 4 ans en beauté.

Racontes nous un peu votre folle aventure de cette saison, quel parcours ! Comment fonctionne le championnat américain ? Étiez-vous attendu à ce niveau ?

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Un titre de conférence pour termine 2016 (photo RMU)

Le championnat américain est un peu compliqué. Il se divise en 3 divisions : environ 345 universités en Première division, environ 700 en Deuxième division et à peu près 2500 en Troisième division. Chaque division est divisée en conférences.

Pendant la saison, chaque conférence joue son championnat en matches aller-retour puis play-off et les meilleures équipes se retrouvent au tournoi final NCAA que l’on appelle familièrement ici « March Madness » (La Folie de Mars).

Pendant cette période les matches passent en permanence à la télévision nationale, l’attention médiatique est incroyable et les moyens mis en place inimaginables pour les non-Américains.

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Championnes de Conférence (photo RMU)

En plus des matches de conférence, en début de saison, on fait des matches de “préparation”, qui ne comptent pas pour le classement du championnat mais qui comptent pour le classement général de la division.

Notre objectif était de gagner la conférence. On l’avait fait il y a deux ans, et la saison dernière on avait perdu en finale, donc cette année on était vraiment motivé pour aller jusqu’au bout, d’autant plus que c’était la dernière année de mon entraîneur qui part à la retraite après une longue carrière de 38 ans!

Finalement, on a terminé première de notre conférence, ce qui nous a permis d’aller au tournoi final NCAA. Gagner la conférence était notre seule chance d’être qualifiées pour le tournoi, mais cette année on est tombé sur UConn (University of Connecticut) au premier tour, de loin la meilleure équipe des États-Unis et ce, depuis un bon moment…!

Sportivement et personnellement qu’as tu appris de cette expérience ?

Une saison 2016 qui se termine en beauté pour Lou Mataly et la Robert Morris University (photo RMU)

J’ai appris à vivre en communauté et à me concentrer sur un objectif commun à l’équipe et au staff.

J’ai appris à me mettre à disposition d’un groupe.

Mon coach nous disait souvent que la chose la plus difficile et en même temps la plus enrichissante qu’on aurait à faire pendant notre vie, c’est de faire partie d’une équipe.

Personnellement, j’ai beaucoup appris aussi à cause de mes blessures. Cela m’a aidé à relativiser et à apprécier beaucoup plus de choses. J’ai réalisé la chance que j’avais d’être à l’autre bout du monde pour jouer au basket dans de très bonnes conditions et avoir un diplôme américain.

Shooting à UConn avant le match (photo RMU)

Shooting à UConn avant le match (photo RMU)

Si tu devais garder deux souvenirs de cette aventure américaine ?

Un de mes meilleurs souvenir restera cette fin d’année. On a eu une saison difficile et finir championne de notre conférence, jouer contre UConn (les futures championnes des Etats-Unis), à Uconn, au premier tour du tournoi NCAA était magique, je n’avais même pas osé en rêver.

C’est une équipe que l’on voit souvent à la télé, certaines joueuses seront cet été aux JO avec l’équipe des États-Unis (quand la France a joué contre les Etats-Unis, à Londres, en finale des Jeux Olympiques, six joueuses et le coach venaient de UConn…). On a eu la chance de jouer contre les meilleures joueuses de notre génération…C’était pour nous une expérience unique.

Et ce qui fait cette aventure encore plus spéciale, c’est que je l’ai partagée avec un super groupe de copines. Ça rend la vie au quotidien bien plus facile et bien plus agréable.

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La salle d’Iowa et ses 15400 places.

Un autre super souvenir, c’était quand je suis entrée pour la première fois dans la salle de l’université d’Iowa (15 400 places). Les gymnases français sont ridicules par rapport aux salles des grandes universités. C’était un de mes premiers matches aux États-Unis et ça restera un de mes souvenirs les plus frappant.

C’est une des raisons pour lesquelles on veut venir jouer ici : les infrastructures sont impressionnantes, efficaces, confortables et surtout disponibles 24 heures sur 24 tous les jours de la semaine pour les joueurs/joueuses qui ont envie ou besoin de s’entraîner en plus.

Quels sont tes projets aujourd’hui  ? Comptes-tu revenir en France ?

Je rentre en France pour l’été et je suis presque sûre d’y rester l’an prochain. Je ne sais pas encore si je vais continuer le haut niveau ; bien sûr j’aimerais mais je voudrais aussi faire un autre master. Donc rien n’est encore arrêté, il faut voir ce qui est possible.

Que dirais-tu aux jeunes qui comme toi rêveraient d’aller passer une saison à l’étranger/aux US ?

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Une belle aventure humaine pour Lou (photo RMU)

Je leur dirais de ne pas hésiter une seconde. Pour ma part c’est sans doute la meilleure décision que j’ai prise. Que ce soit aux États-Unis ou ailleurs, partir à l’étranger est une expérience unique qui apporte énormément, surtout en étant jeune. Si en plus on peut jouer au basket, c’est formidable.

J’ai rencontré des gens qui ont changé ma vie, qui m’ont fait grandir, qui m’ont rendue plus forte et avec qui je resterai en contact pour toujours. C’est une aventure humaine palpitante. Ce n’est pas tous les jours facile, loin de là, mais ce sont les souvenirs positifs qui resteront gravés dans ma mémoire.

Le mot de la fin ?

Merci de m’avoir invité à partager ma petite expérience. J’espère que ça inspirera des joueurs/joueuses à tenter l’expérience !

Si vous voulez avoir un petit aperçu de cette année et de leur aventure au tournoi NCAA, voila un documentaire sur l’équipe de l’Université Robert Morris.

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One Response so far.

  1. […] vous parlait de son parcours il y a peu, et elle nous racontait son aventure universitaire tout en envisageant un retour en […]