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Bien que le championnat demeure l’enjeu numéro 1, la coupe de France permet de vivre des aventures exceptionnelles. Recevoir une équipe professionnelle, se mesurer à elle devant son public et tenter de renverser l’ogre. Un bien beau défi que les joueurs de Valence-Condom ont relevé, une première fois lors de la saison 1996-1997.

Valence-Condom est une institution dans le championnat de Nationale 2. Cela fait déjà 10 ans que les gersois sont pensionnaires de cette division.

Remettons dans le contexte: en 1996, la Nationale 2 est l’équivalent de la Nationale 1 actuelle. Elle se situe juste sous la Pro B, et la Nationale 4 existe encore. La Nationale 2 est scindée en deux poules de 16 équipes. C’est un championnat amateur, officiellement, et l’antichambre du milieu professionnel.

Valence-Condom présente pour cette saison une équipe jeune (22 ans de moyenne d’âge), où seul Philippe Verdugo (32 ans), le capitaine, dépasse 25 ans. L’équipe d’Yves Baratet ne dispose également que de trois joueurs à tout juste 2,00 mètres pour batailler dans la raquette. Enfin, son métronome Jérôme Séailles est out pour une grande partie de la saison, étant opéré du genou.

Et pourtant, ni la jeunesse ni le manque de taille semblent être un problème pour Valence-Condom, qui se situe chaque saison en haut de tableau, inexorablement.

André Erguy

Le guerrier basque, André Erguy

La mène est confiée à Laurent Kleefstra (9,2 points et 4,5 passes sur la saison) en attendant le retour de Séailles, et le ballon est partagé très largement (6 joueurs entre 8 et 20 points par match). Malgré leur manque de centimètres, les intérieurs pèsent dans le jeu des gersois, comme en témoignent les statistiques de titan du canadien François Bouchard (20,1 points à 57 %, 8,6 rebonds) et d’André Erguy (16,4 points à 62,8 %, 7,2 rebonds).

Rajoutons à ce trio les 13 points du précieux Claude Raoul, le talent du jeune Frédéric Zadro, international Junior, qui score près de 14 points par match et l’expérience du capitaine Philippe Verdugo qui apporte une contribution de 9 points par match.

Valence-Condom présente une équipe équilibrée, avec une marque répartie, qui fait feu de tout bois: 88,8 points par match à 55%, la meilleure attaque des deux poules de Nationale 2. Au final, les Gersois termineront la saison à une bonne quatrième place, avec 17 victoires pour 13 défaites. Mais le point d’orgue de la saison n’est pas dans ce classement : c’est la Coupe de France qui aura fait vibrer les arènes de Valence sur Baïse !

L’entrée dans cette compétition se fait au 8ème tour face à Agen, solide équipe de Nationale 3. Face aux voisins du Lot et Garonne, Valence-Condom remporte une victoire 91 à 82. Au tour suivant, les 64èmes de finale, les gersois rencontrent Pouillon, une équipe évoluant au niveau régional dans les Landes. Ces derniers ont écarté des équipes de championnat de France pour se hisser à ce niveau. Pourtant, face à Valence-Condom, ils rendront les armes 106 à 68.

Qualifiés pour les 32èmes de finale, Valence-Condom reçoit une équipe de Pro B, Aix-Maurienne. Les Savoyards réalisent une bonne saison, classés 4èmes de leur championnat. Ils finiront même champions de France de Pro B cette année-là en battant les Spacer’s de Toulouse lors des play-offs. Autant dire qu’une victoire serait inespérée. Et pourtant ! Les Gersois ont pris leur adversaire à la gorge dès l’entame du match, menant de 15 points en première période, et malgré le retour d’Aix-Maurienne en fin de match, ils ont tenu bon pour l’emporter 80 à 77.

« La tactique était simple, il fallait réussir à bloquer les ailiers, Jim Bartels, Benoit Georget et Franck Bouteille. Ils sont les points de convergence du jeu de Maurienne. »

Yves Baratet (Basket Hebdo)

Après cet exploit, l’aventure continue en 16èmes de finale. Avec l’entrée en lice des clubs de ProA, les Gersois espèrent un tirage intéressant leur permettant de faire venir une grosse cylindrée dans les arènes de Valence ou bien les Spacer’s de Toulouse pour un derby pyrénéen.

Mais ce ne seront ni les voisins toulousains, ni une grosse équipe de Pro A qui se rendra à Valence en ce mois de mars 1997. Pour ce 16ème de finale, les hommes d’Yves Baratet reçoivent Brest, 11ème de Pro B. Malgré la division d’écart, le coach gersois est serein:

« Brest se déplace depuis le début de la saison avec six joueurs opérationnels. Ils sont toujours à la limite, et donc prenables sur un match. »

Yves Baratet

Yves Baratet, le coach emblématique de Valence-Condom

Cette rencontre marque également le retour de Jérôme Séailles après une longue convalescence suite à son opération. Le début du match est conforme à ce que l’on peut attendre d’une confrontation inégale, Brest prenant le large assez rapidement. Cependant, Valence-Condom s’accroche et revient à trois points à la mi-temps. Portés par leur duo d’intérieurs Bouchard (27 points) et Erguy (18 points), les Gersois prennent l’avantage pour ne plus le lâcher. Valence-Condom finit par l’emporter 109 à 100, au terme d’un match offensif, où l’absence de rotation des Bretons leur a coûté cher.

« Dès le début de la seconde mi-temps, nous avons pu jouer de notre agressivité offensive avec une profondeur de banc idéale face à une équipe comme Brest. »

Yves Baratet (Basket Hebdo)

Deuxième exploit consécutif face à une équipe de Pro B, devant un public en ébullition, prêt à recevoir enfin une équipe de Pro A pour le huitième de finale.  Jean-Claude Caumontat, président comblé, commentera à Basket Hebdo:

« Le coeur et les tripes, c’est ce qu’il faut retenir, pas les statistiques. On aimerait bien recevoir un gros d’Europe, l’ASVEL, Limoges ou Pau, le voisin. »

Frédéric Zadro

Frédéric Zadro

Le tirage au sort désignera finalement le SLUC Nancy. Bien que légèrement moins prestigieux que les trois équipes références souhaitées par Jean-Claude Caumontat, Nancy est une valeur sûre de la Pro A, et dispute également une coupe d’Europe (éliminés en 1/16èmes de la Korac en 1997). Nancy dispose d’un effectif de qualité, avec notamment Pat Durham, ancien NBAer à Minnesota ou encore Mike Rattlif, son meilleur scoreur. Les intérieurs ne sont pas en reste, avec Derrick Lewis, seul joueur à avoir réalisé un quatruple-double* en Pro A, et l’international originaire de Castres, Cyril Julian.

Pour cette rencontre, 2030 spectateurs prendront d’assaut les Arènes de ce village de 1150 habitants pour porter leur équipe!

Malgré le soutien du public, et l’envie des joueurs d’Yves Baratet, Nancy gagnera ce match, mettant fin au beau parcours des gersois. Le faible écart au score, 84 à 75, montre à quel point Valence-Condom n’a rien lâché face à l’armada nancéienne.

Pour la petite histoire, Nancy échouera en finale de la Coupe de France face à l’ASVEL, 67 à 58. L’ASVEL remportera une autre Coupe de France en 2008, avec à sa tête… Yves Baratet!

Pour en revenir à Valence, c’est l’apothéose d’une belle saison, qui en appellera d’autres. Valence-Condom aura l’occasion de jouer à nouveau en Coupe de France face à des Pro A (Chalon sur Saône en 2000 et à nouveau Nancy en 2002), et détiendra un record en restant 20 ans dans la même division (Nationale 2 devenue Nationale 1 début 2000).

 *Quatruple double: 10 unités dans quatre catégories statistiques différentes sur le même match

La saison 1996-1997 de Valence-Condom en images

Extrait du CD-Rom « ALV-VCGB, 20 ans de Nationale »

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One Response so far.

  1. […] Ancien joueur professionnel, il était notamment passé par Valence-Condom lors de la saison 1996/1997, participant ainsi au formidable parcours du VCGB en Coupe de France. […]